• Bonjour,

     

     

    Lettre à Jean Luc Mélenchon.

     Lettre ouverte à celui à qui j ai donné ma signature, pour lequel  j’ai œuvré, avec beaucoup d’autres, pour qu’il ait l’adhésion des communistes français, à celui pour lequel j’ai voté avec enthousiasme au premier tour des élections présidentielles. 

     Cher Jean-Luc,  

    Mon enthousiasme au moment des élections présidentielles était au sommet.  Elu, j’ai eu le plaisir de te donner ma signature.  Une fois la campagne lancée j’ai fait comme des dizaines de milliers de membres de mon parti, des camarades du front de gauche, organisés ou pas, les marchés, les cages d’escalier.  C’était si facile après tes excellentes prestations télévisées qui gonflaient à bloc, après les meetings géants comme à la Bastille.  Des chiffres circulaient, on serait à 16%. Et nos arguments plaisaient, le front de gauche c’était comme en 2005 au moment du traité, un élan, un espoir. Bien sûr, il y a eu 10 mn de déception le soir du premier tour, mais 11% c’était près de 5 fois plus que la dernière fois.  Avec pourtant la meilleure candidate que l’on ait eut même si, tout le monde le sait, je ne suis pas complètement objectif quand il s’agit de Marie George Buffet.  

    Sarkozy montait alors, le sinistre vote utile est aussi monté ! Puis les législatives arrivent, ça tousse sur les négociations mais, pointe l’argument : « qui a amené les 4 millions de voix ? ».  Allez, admets que la tentation est grande, même pour celui qui dénonce la 5ème république, de se sentir un peu « propriétaire » de tant d’électrices et d’électeurs.  Un peu l’ivresse des sommets. La décision d’Henin Beaumont où de plus en plus de gens disent que tu n'écoutes personne.  Mais l’idée que Le Pen fille morde la poussière fini par nous convaincre.  ça ne marche pas. Tu n'es pas au second tour.  

    Puis la manifestation « coup de balai », certains y voient un peu de « Grillisme », mais ça marche, on est nombreux, on se dit ok il est un peu perso mais qu’elle intuition.  ça vacille même dans la maison communiste.  « On est à la remorque ».  « Pourquoi on n’y a pas pensé ? ».  Mais la maison communiste est lourde à manoeuvrer. Et pendant ce temps là, au PG, une idée, un post sur Tweeter et hop la machine se met en marche.  On ne joue pas dans la même cour. On a peut-être mis du temps mais la démocratie au PCF c’est un bien commun. Au PG excuse-moi Jean-Luc mais c’est un peu plus « bolchevisé » non ?  

    Après la séquence électorale, on te sent comme un pur sang réduit à tirer une charrue. Tu t’ennuies, tu penses  à abandonner.  Mais l’addiction est là. Tu inverses l’équation.  Je, donc toi Jean Luc, tu ne peux abandonner ces 4 millions de personnes qui ont voté pour toi. Alors, tu cherches, tu trouves, de plus en plus ça tousse à Fabien et pas que chez les communistes mais aussi chez les partenaires du front de gauche. Je ne sais pas quand t’est venue l’idée d’un autre Front de Gauche. Quel jour, quels événements t’y ont fait penser, mais ça murit.

    Arrivent les discussions sur les municipales. ça ne s’annonce pas bien.  On a dit depuis le début, les communistes choisiront selon la situation locale. Mais la ligne, est plus d'élus Front de Gauche  partout.  Je fais bref.  Mais prétexte ou réellement meurtri. Je ne sais pas, tu « surjoues » un peu la trahison.  La base te critique.  On tempère. Mais ça devient difficile de convaincre.  Tu mets à mal un principe général de l’humain d’abord, il faut la démocratie partout. Partout, sauf dans les partis.  Et puis tu franchis la ligne rouge, et tu " traites" Pierre, comme disent les enfants.  Et ça chez les communistes on n’aime pas. Et même ceux qui ne sont pas fan de Pierre se sentent meurtris. ça se fait pas, pas comme ca. Tu en rajoutes. L’affaire du logo devient nationale. On nous parle de Paris partout dans le monde entier. 

    Une nouvelle fois tu sembles gagner la bataille des idées.  Il y a de la cohérence chez « lui » : entends t’on. Dans les sections ça discute. ça se divise, argument contre argument.  Et ce week-end, le congrès du PGE où tu ne viens pas. Où les délégués PG écrivent partout en Europe en demandant la tête de Pierre.  Un « socialo compatible », je caricature, ne peut diriger le parti de l’alternative à gauche au plan européen.  Les partis sont gênés. Die linke, Izquierda Unida et d’autres ont des accords locaux avec des sociaux démocrates.  Les statuts du PGE dans l esprit et dans la lettre sont bafoués.  Le PGE n’est pas fédéral, et il ne peut et surtout ne doit pas interférer dans les questions internes des partis.  Une motion qui décrit l’écosocialisme est adoptée. Donc pour toi, tous les partis qui ont signés sont d’accord pour que l’écosocialisme devienne non pas une des familles du PGE mais la famille du PGE. Tu  as gagné, le PG n’a pu empêcher la présidence, mais tu as gagné sur le fonds.  Le congrès se termine 93% pour le texte d’orientation politique, 84% pour Alexis Tsipras notre candidat à la Présidence de la Commission, 78% pour Pierre Laurent comme Président du PGE.  

    Bon texte politique, bon programme, bonne élection ce n’est pas supportable pour toi.  La motion n’est qu’une motion. Elle va être noyée dans le succès du congrès. Les congressistes viennent à peine de chanter l’Internationale, un communiqué de presse tombe. Le PG est en congé du parti européen jusqu'à fin mars. Donc plus de préparation commune de la campagne, plus de travail commun. Fin d'après-midi libéré des contraintes de membre, le PG propose un réseau. Derrière, excuse-moi Jean-Luc, il n y aurait pas l’idée d’un nouveau parti européen? Et tu mets Alexis Tsipras en difficulté.  Et 10 ans de travail commun consensuel mis à mal. Mais surtout un espoir qui s'envole pour le peuple français et les européens.

    Pourtant Jean Luc, le Front de Gauche et le PGE c’est la même chose que les 3 mousquetaires et toi. On a rien contre que tu sois d’Artagnan. « Tous pour un, un pour tous » c’est bien comme slogan non ? Alors reprends toi, rejoue collectif. Récite toi le deuxième couplet de l’internationale.  Tu sais celui qui dit : « Il n’est pas de sauveur suprême ». On t’attend au PGE comme au FDG. Je sais que tu es loin, mais reviens avec de nouvelles idées et partages les. Tu nous l’as tellement aidé à réhabiliter ce beau mot de partage, mais c’était il y a deux ans. C'est à dire un siècle.

     

     

     

    Cordialement: Gilles Garnier


  • Commentaires

    1
    Reitnomud
    Lundi 20 Janvier 2014 à 19:11
    Excellent...
    2
    Murielle Fert
    Mercredi 22 Janvier 2014 à 09:18
    J'apprécie ton texte, néanmoins, je n'ai jamais été enthousiasmée par Mélenchon qje j'ai toujours trouvé trop perso et avec la tête plus grosse que le chapeau
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