• Bonjour,

     

    Près de 90 ans après sa fondation, le journal historique italien, l'Unità, fondé le 12 février 1924 par Antonio Gramsci, longtemps journal officiel du Parti communiste italien, a cessé de paraître vendredi.

     

    J’ai appris l’italien en lisant l’Unita.

     

    A de très rares exceptions, dont l’Humanité, la presse française n’a pas fait part du certificat de décès de l’Unita, (journal fondé par Antonio Gramsci), en 1924. L’Unita étant devenue, depuis la fin du PCI, un quotidien social-démocrate, comme tant d’autres, il est à saluer que l’Humanité ne se terre pas sur des rancunes… J’aurais voulu une belle nécrologie, rappelant que l’Unita a connu 20 ans de clandestinité, que les plus grands intellectuels italiens y ont tenu chronique, Pasolini, Pavese,
    Moravia, Morante… etc. Que c’était le journal de Visconti, de Scola, de Maselli et Rosi…. Que la vie des ouvriers y tenait une place importante ?
    Que c’est le journal qui a défendu la République,
     a condamné le terrorisme noir et, parfois, rouge… Qui a ouvert ses colonnes aux catholiques et aux anti-fascistes. Que ce journal était le gilet pare-balles des antis mafieux… etc. Voilà ce que j’aurais aimé lire… Qu il soutenait les luttes chez Fiat, qu’il tenait les décomptes des morts au travail, les morts blanches comme on dit en Italie.  Bien sûr, ce sont des relations pétries d’admiration, de complicité, d’émulation, de jalousie et même parfois orageuses qui ont été celles qu’ont connu lePCF et PCI se retrouvaient dans ses pages...  Le PCI et l’Unita ont condamné plus fermement l’intervention soviétique a Prague. Sa liberté retrouvée c’est l’Unita qui a fait parler Dubcek ! Bien sûr, on peut encore débattre du choix du compromis historique mais les colonnes de l’Unita, même à l’époque, n’étaient pas univoques. En 2000, déjà, après son premier a.v.c., le journal avait changé. Moins incisif, plus à la recherche de notoriété ou de respectabilité. Plus bourgeois peut-être. A l’image du Parti Démocrate, il se "notabilisait"… Mais faisons le rapprochement avec l’actualité politique italienne de cet été. Renzi n’a pas levé le petit doigt pour sauver l’Unita, tant les fantômes de Gramcsi de Togliatti, de Berlinguer le gênent. Renzi invente, réinvente… et la seule phrase qu’il peut citer de l’Internationale est "du passé faisons table rase"... Mais si, à jamais, l’histoire se souviendra de Gramcsi et de ses cahiers de prison, de Togliatti faisant le choix de l’union anti fasciste, de Berlinguer préférant le compromis historique à la terreur des bombes…, de Renzi, il ne restera rien. Si ce n’est les effets de manche d’un petit Monsieur qui croit qu'il peut amadouer le capitalisme. Ce Blair ou Schroeder transalpin finira sa carrière dans les fauteuils d’un quelconque conseil d’administration d’une quelconque multinationale.Ou bien devisant devant des PFG birmans, racontant comment on peut tuer les espoirs d’un peuple pour quelques centaines de milliers d’euros.  Renzi, avec la complicité du Président de la République, l’ancien communiste Napoletano et le soutien du mort vivant Berlusconi, a achevé, d’une balle politique dans la nuque, la République italienne.  Ce que ni les brigades rouges, ni Berlusconi n’avaient pu faire, le petit boy- cout démocrate-chrétien l’a fait. Et au nom des nécessaires économies ! C’est beau comme du Manuel Valls. Avant, on changeait les institutions pour mieux ou moins bien repartir les pouvoirs. Désormais, c’est pour des raisons comptables. Pauvre Italie. Pauvre France.Désormais, la voie est libre. La démocratie sans élus est en route. Votons par internet et créons des avatars parfaits qui guideront le peuple. Alors je suis triste que ce journal soit mort. Bien sûr, ces dernières années, je lui préférais "Il Manifesto" ou "Liberazione" mort aussi, il y a trois ans. Mais je n’oublierai jamais les unes de l’Unita d’il y a 30 ans qui m’apprenaient la mort d Enrico Berlinguer. Addio Enrico. Addio Unita. Quotidien dans lequel, sur une plage de Viareggio, en 1974, j’apprenais mes premiers mots d’Italien. Mais surtout, j’apprenais à comprendre pourquoi le communisme en Italie était si populaire.

     


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