• Bonjour,

     

     

    Georges Hage n'est plus!

     

    J’ai eu la chance, de 1990 à 1997, de travailler aux côtés de Georges Hage. D’abord très régulièrement car Roger Gouhier pour lequel je travaillais à l’Assemblée Nationale m’avait "prêté" à son collègue Hage pour suivre les questions de culture et d’audiovisuel puis, épisodiquement, à partir de 1995. Georges était alors, Vice-Président de l’Assemblée Nationale, aimé de toutes et tous, du personnel de l’Assemblée qui le chérissait quand il occupait le perchoirla nuit et que les agents étaient presque sûrs, qu’avec Georges, on dépasserait minuit et donc on aurait les primes afférentes, mais aussi et surtout parce qu’il avait un mot tendre pour chacune et chacun s’enquérant des nouvelles de leurs familles ou de leurs proches. Il était aussi respecté et admiré d’une grande part de ses collègues tous groupes confondus. Élu, le député le plus cultivé par un jury de journalistes parlementaires, il en était fier, car il disait que l’on peut être élu communiste d’une des plus pauvres circonscriptions de France et savoir utiliser la culture pour combattre l’ordre établi. Écrire pour lui était un rituel immuable. Il me faisait appeler dans son bureau de VP et sous le regard de Babeuf, Saint Just et Robespierre, il m’écoutait lui parler de la sècheresse des chiffres du budget  de l’audiovisuel public. Je repartais en ayant un vague plan et nous convenions de nous revoir quelques jours plus tard pour les 10 minutes d’intervention. Au deuxième rendez-vous je lui avais fait parvenir au préalable, son intervention à Douai. Il commençait toujours par me dire : "c’est très bien, tu as eu la CGT, le secteur du Parti ?". Je répondais "oui bien sûr" comme à chaque fois. Et là il me disait "oui il y a tout dans ton texte mais je ne le dirai pas comme ça". Ce prof d’EPS, latiniste m’a fait écrire un paragraphe de je ne sais quelle loi sur la télévision publique en Latin : « si mettons le, ça les réveillera ! ». Ca les a réveillés et les secrétaires de séance s’en souviennent encore. Avec lui on se permettait tout, même de faire 5 mn d’un discours en reprenant des pages entières de Zapping de Didier Daenincks. Il eut même le culot de cacher une télécommande dans la poche de son veston et signifia à Catherine Tasca, pour laquelle il avait un  faible, « Et à la fin de votre budget je zappe ». Je me souviens aussi que devant intervenir sur la loi paysage de Ségolène Royal, il avait convoqué Aragon et Péguy. Évidemment il ne se souvenait que du vers mais il voulait absolument que je lui trouve la source et le recueil. Son discours était loin du texte parlementaire mais si beau à écrire et à écouter. Quand il était en colère contre la droite ou le PS il aimait à dire "moi qui suis d’une haute lignée bolchevique"… il est vrai qu’il avait succédé à Ramette dans cette circonscription de mineurs. Il parlait le cht’i avec délice et il aimait à rappeler les combats du nord, de la mine, des communistes. Émouvant et sensible il parlait du peuple des travailleurs comme personne. D’autres anecdotes me viennent en tête comme la commémoration de la Saint Eloi avec Gilbert Millet, Jean Claude Lefort, Fabien Thiémé, les 4 lascars avaient ouvert des centaines d’huitres dans mon bureau qui sentait l’iode à 1 km à la ronde. Et cette célèbre nuit de la dernière session de 1992, trois mois avant la débâcle électorale annoncée, pendant laquelle,  socialistes et communistes chantaient à tue-tête des chansons révolutionnaires à la buvette de l’Assemblée. Marie Christine Vergiat doit s’en souvenir. Certains vont peut-être me reprocher de plus parler de l’homme que du militant du communiste du Nord. Oui, certes, mais  c’est pour moi d’abord l’homme qui m’a appris l’exigence du texte, la clarté du discours, la belle langue. Je suis très triste aujourd’hui, même si nous ne nous étions pas vu depuis longtemps, j’ai une immense admiration pour lui, il était une voix, une présence, une ironie. Il avait la classe… comme disent les mômes d’aujourd’hui. Salut Georges, je n’ai jamais pu t’appeler Jo, alors je ne vais pas commencer aujourd’hui.

     

    Cordialement: Gilles Garnier

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :