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    Grèce: Tsipras part du constat que les "remèdes" de la troïka ont été pires que le mal.

     

    Les méthodes changent mais l’acharnement reste. Depuis la victoire de Syriza, après avoir essayé la peur, le scénario catastrophe, pour éviter que les Grecs, épuisés par des années de régressions sociales et économiques, ne choisissent Syriza, les gouvernements européens tentent un nouveau couplet: «Ils ont voté et puis après» ... Allemagne en tête, suivie des pays qui ont peur de la contagion anti-austéritaire, Espagne, Portugal et Irlande rivalisent dans la provocation. La démocratie au sein de l’Union européenne s’apparente de plus en plus à la théorie de «la souveraineté limitée» chère à Leonid Brejnev. Le traité de Lisbonne était déjà dans la même logique.La France, les Pays-Bas, l’Irlande refusaient le TCE, et bien qu’à cela ne tienne, on leur change l’accompagnement, le produit de base restant le même, indigeste. Ces 27 qui tentent de faire plier la Grèce ont une vision de la démocratie à sens unique. On a toujours le droit de dire oui. Le non n’existe pas. Le peuple grec, inventeur de la démocratie, se voit nier son droit à déterminer sa politique. La violence des chars, comme à Santiago ou à Athènes, n’est plus à la mode, les Européens sont civilisés. Ils préfèrent jouer avec le robinet du crédit, comme les Russes ont longtemps joué avec le gaz pour imposer leurs choix aux Ukrainiens. Mais la logique est la même: ou tu plies ou tu pars. L’UE se comporte comme les vieux clubs Tory à Londres, avec leurs codes désuets et immuables. La Grèce est une intruse! Elle sent le soufre! Alors qu’elle s’agenouille ou qu’elle sorte du jeu! Voilà ce que pensent la plupart des gouvernants de l’UE, Merkel en tête. Mais voilà, la Grèce a à sa tête un homme, un gouvernement, qui n’a pas fait le choix de l’isolement. Son premier discours, il l’a adressé à ses compatriotes, mais aussi à l’ensemble des Européens. La troïka avait voulu faire de la Grèce le cobaye des politiques «d adaptation structurelle», Tsipras en ferait l’expérience d’une autre Europe. Et pourtant, le programme de Thessalonique et les premières mesures proposées par le gouvernement grec ne sont ni un remake du programme bolchevique de 1917 ni même un projet d’économie planifiée et centralisée. Tsipras part du constat simple que les «remèdes» de la troïka ont été pires que le mal. Ils ont échoué même si l’on s’en tient au seul critère de la résorption de la dette puisque celle-ci est plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2008! La rétractation de l’économie amène un assèchement des recettes fiscales et une augmentation des dépenses sociales. Les gouvernements qui ont précédé Syriza ont voulu jouer sur les deux manettes. Moins d’investissement, moins de répartition des richesses, mais aussi réduction du filet social. Le résultat est là. Les Grecs veulent une autre politique. Les gouvernements de l’UE doivent choisir: respecter la démocratie ou les choix économiques austéritaires.L’UE a tout à perdre à s’entêter. Elle y perdra son âme. Mais, surtout, elle risque soit la désagrégation par les eurosceptiques nationaux-populistes soit, ce qu’il faut espérer, l’émergence d’une Europe solidaire et pacifiste dont Syriza nous montre le chemin. Ah s’il était sorti du jeu, s’il n’avait pas l’outrecuidance de se prendre pour un exemple... La théorie de la souveraineté limitée n’a pas empêché les effets domino, et après 68, à Prague, vint 81, à Gdansk, puis le long chapelet de 89. Les Merkel d’alors pleuraient de joie en voyant tomber le mur de l’oppression. Les Grecs ont pleuré de joie à la victoire de Syriza. Il faut donc conseiller à l’ensemble des chefs d’État de l’UE de relire leur histoire. On ne peut durablement s’opposer à la volonté des peuples. L’UE pourrait bien sinon connaître le destin du Comecon. Leur entêtement les rend aveugles et sourds à l’espoir qui vient de se lever sur l’Acropole.

    Cordialement: Gilles Garnier

     

     


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